Le 29 juillet 1917, pendant le défilé des troupes. Derrière le président, le général Pétain, M. Painlevé, le général Franchet d'Espérey.
Le gouvernement anglais a, comme le nôtre, bien des difficultés en ce moment. Mais l'Angleterre n'est pas envahie et la France n'a pas encore expulsé les ennemis de tout son territoire. Elle est envahie et ravagée. Jamais l'union de tous les Français n'a été aussi nécessaire ; jamais la pensée unanime du pays n'a dû se concentrer plus fortement sur la nécessité de la victoire. Et cependant, depuis le commencement de l'année, nous avons eu des divisions entre hommes politiques, des divisions entre généraux, et même des commencements de mutineries. Si nous continuons ainsi, où irons-nous ? L'arrivée de Clemenceau au pouvoir a été heureusement le signal d'un relèvement moral. Mais relèvement incomplet. Nous sommes encore en pleine obscurité. L'année a commencé dans la brume ; elle se termine dans le brouillard. Il n'importe. Espérons toujours, espérons quand même.
Raymond Poincaré
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