Le 7 mai 2008, pour la première fois en France, l'Assemblée
nationale française inscrit à l'ordre du jour un débat sur les langues
régionales visant à transformer l'article 1 de la Constitution
française en spécifiant que «Les langues régionales appartiennent
à son patrimoine». Aussitôt l'Académie française dénonce une
«atteinte à l'identité nationale» et le Sénat refuse l'amendement
«surprise». Outre la polémique strictement française entre les
défenseurs du multiculturalisme et les défenseurs du centralisme
étatique au nom de l'universalisme, on assiste en Europe à une
transformation radicale de la conception des langues. Conforme
aux préoccupations d'autres organisations internationales comme
l'UNESCO ou l'ONU, le Conseil de l'Europe, à travers la Charte
européenne des langues régionales ou minoritaires, tend à consacrer une
ethno-biologisation des langues, procédé qui institue juridiquement
la «patrimonialisation linguistique».
Nouvel enjeu de pouvoir dans l'exacerbation nationaliste, la
langue n'a jamais suscité autant de discours et d'actes politiques : est-elle
devenue un instrument incontournable pour imposer une autre
vision politique qui prend en Europe la forme d'un fédéralisme
anti-étatique ? Est-elle devenue un pion dans le grand jeu de la
capitalisation visant à assigner les peuples au même (une langue,
une culture, un territoire) selon une conception bio-politique afin
d'éteindre toute aspiration politique populaire ?
À partir de trois situations sociolinguistiques différentes en
Europe, les auteurs portent leur attention sur l'articulation des
nouveaux discours politiques, médiatiques, associatifs, etc., visant
à la patrimonialisation puis à la capitalisation des langues devenus
les faire-valoir de politiques culturelles oeuvrant à la prospérité
de structures émergeant d'un système soucieux, avant tout autre
prérogative, de sa perpétuation.
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