Préoccupation constante des survivants de la déportation, l'acte de
mémoire est à la souche même de la réflexion des historiens et des écrivains-témoins,
au lendemain de la libération des camps. A l'exigence du
témoignage devait répondre la quête des moyens d'expression propres à
transmettre une expérience qu'il n'avait été donné jusqu'alors à aucun être
de subir.
L'objet de ce travail n'est pas tant de revenir sur les notions de
«non-dit» et d'«indicible», mais d'essayer à partir de certaines oeuvres
de cerner les contours d'un langage, d'une expressivité constituant
chez leurs auteurs une tentative de dépasser les frontières de l'incommunicable.
Non pas par une étude des procédés stylistiques ou rhétoriques,
mais par un examen de sens et une recherche de la compréhension
des états de conscience des rescapés, au lendemain de la tourmente.
Suivre le fil de certains thèmes récurrents dans les oeuvres, nous aidera
peut-être à sonder, ne serait-ce que très partiellement, la mosaïque complexe
des comportements du survivant, et à entrouvrir une fenêtre sur un
projet d'éclaircissement de la nature humaine confrontée à un tragique
sans limites.
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