Tout se meut, jusqu'au paradoxe, dans le jeu du monde. La poésie réceptacle entend l'infini du temps et de l'espace, elle accueille les voix de la présence et de l'absence, elle laisse aussi la parole au silence parlant et au vide. Crêtes et creux projettent le poème qui s'aventure dans l'errance et dans l'exploration de l'éventuel comme du permanent, de ce qui survient ou fait retour. Et c'est l'amour qui tient ensemble les choses vivantes - en les dévoilant - jusqu'à la mort anticipée. Une conscience qui surplombe n'est pas entachée par le négatif - même si elle le relève et le traverse - elle se tourne vers la bible de l'océan, vers l'abîme et le gué. Sous tension, l'écriture de Pascal Boulanger offre déploiement et rétention, mouvement et repos.
Je n'ai jamais compris ce monde comme il m'a été présenté. Je l'ai compris à partir de l'instant où je me le suis représenté. J'esquisse la vie comme mes peintures, sans solution, sans résultat, sans théorème, seulement des pensées. Ressentir est compliqué. Inventer une géographie propre à son instinct est plus simple. J'aime à croire que ce que je traverse aura au moins une place quelque part, même si c'est sur des draps à 8 euros achetés au marché. Et quand, soudain, ces draps emplis de mes souvenirs se suspendent par-delà le vent, j'aime voir la vie de ceux qui me traversent, rencontrer le ciel.
N.B.-H.
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