Voilà environ 2700 ans, Hésiode, évoquant un passé déjà lointain où l’humanité connaissait le bonheur, appelait cette époque « l’âge d’or ». Ce vieux mythe est l’équivalent séculier du paradis terrestre. Mais alors que celui-ci est définitivement perdu par décret divin, rien n’interdit à l’homme de rebâtir l’âge d’or, c’est-à-dire de rechercher le bonheur ici-bas, ou plutôt de le poursuivre. Car c’est bien d’une poursuite perpétuelle qu’il s’agit, alternant l’exaltation et le découragement, les pauses et les reprises, les erreurs et les repentirs.
C’est l’histoire de cette poursuite du bonheur, jamais achevée, jamais abandonnée, que retrace ce livre. Chaque époque, en effet, a conçu l’âge d’or à sa façon, avec ses prophètes, ses spécialistes et ses charlatans, depuis le bonheur individuel du sage antique, épicurien ou stoïcien, jusqu’aux plans de bonheur collectif des idéologies du xxe siècle, en passant par les utopies de la Renaissance.
Mais chaque fois que l’homme a cru l’atteindre, en soi-même ou au bout du monde, l’âge d’or s’est dérobé, et la poursuite a repris. Pour l’homme d’aujourd’hui, qui vit dans un âge de fer impitoyable et traverse une crise profonde, l’âge d’or est plus que jamais un mythe qui fait rêver, et les marchands de bonheur
prolifèrent. Mais tous les chemins praticables semblent avoir été explorés. Reste la voie vertigineuse ouverte par la génétique. Pour atteindre l’âge d’or, faudra-t-il changer l’homme ?
Agrégé et docteur en histoire, Georges Minois s’est fait connaître comme un inlassable découvreur des sentiments, des idées et des comportements collectifs en Occident. Parmi de nombreux ouvrages, il est ainsi l’auteur de Histoire des enfers (1991), Histoire du suicide (1995), Histoire du rire et de la dérision (2000), Les Origines du mal : histoire du péché originel (2002), Le Traité des trois imposteurs (2009).
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