Il peut paraître surprenant de voir associés en un même ensemble critique Henri Thomas et António Lobo Antunes, Franz Kafka et Eugenio Montale, ou encore Borges et Antoine Volodine. Sauf que la pluralité des lectures et des plaisirs se joue souvent des familles littéraires. Pour Christian Garcin, ces écrivains-là n'en restent pas moins, à des degrés divers, représentatifs d'une conception dense, exigeante, "verticale", de la littérature. Le fil invisible qui les relie, c'est du côté de Borges qu'il faut le chercher. Le labyrinthe, figure emblématique de l'univers borgesien, dessine dans l'espace textuel d'improbables rencontres, des bifurcations, des échos, des indices disséminés qui prennent sens bien après qu'on les a dépassés. On y chemine de couloir en couloir, c'est-à-dire de monde en monde, c'est-à-dire d'univers romanesque en univers romanesque, et à arpenter ainsi cet espace de mots, on devient le lieu labyrinthique où se réunissent ces univers apparemment disparates. Dans la chambre centrale trône toujours le Minotaure argentin et aveugle qui de près ou de loin hante tous ces textes.
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