La Voix des clercs apprécie, dans la littérature française des XIIe et surtout XIIIe siècles, l’émergence d’une parole qui n’est ni celle des jongleurs, ni celle des prêtres, ni celle des romanciers, bien qu’elle entretienne d’évidents rapports avec chacune d’entre elles, mais qui émane de celui qui, au Moyen Age, est par excellence le détenteur du savoir et de l’écriture: le clerc. Alain Corbellari étudie la figure du clerc non pas tant pour son inscription dans une société dont il est l’un des rouages nécessaires qu’en raison de l’ambiguïté de son statut – à la frontière du monde laïc et de la vie religieuse –, l’entraînant à se désolidariser de ses commanditaires et à revendiquer pour son travail un espace nouveau destiné à devenir celui, proprement, de la littérature. En considérant les thèmes propices à l’expression d’une poétique de la rupture et en suivant trois acteurs déterminants de ce mouvement, Henri de Valenciennes (auteur probable du Lai d’Aristote), Henri d’Andeli et Rutebeuf, qui sont aussi les champions du dit, cette poésie récitée, se prêtant à toutes les formes du discours personnel et exaltant le je d’un clerc-écrivain, La Voix des clercs fait la chronique d’une mutation majeure de la société et dégage les enjeux que recèlent les codes littéraires d’une nouvelle parole poétique.
Un choix de dits, textes souvent négligés de la littérature française médiévale, introuvables voire inédits, complète l’étude.
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