Une mère les deux pieds sur terre, un père deux mètres au-dessus du sol, ils se complétaient à merveille. A nous, leurs six enfants, ils ont légué un solide sens de la vie, une énergie, une liberté qui nous a tous aidés au long de nos différents chemins. Notre enfance s’est passée au jour le jour, même en pleine guerre. Nous n’avons pas eu une maison, nous en avons eu plein. Joyeuse pagaille que j’ai tant aimée. J’ai aimé mes fièvres, grâce auxquelles je sentais la main fraîche de maman sur mon front. J’ai aimé être patraque et passer des matinées dans sa chaleur, à plat ventre sur elle. J’ai aimé les voyages, les chansons dans la voiture, les folles promesses d’un père imaginatif. Les mots « cafard », « blues », « chagrin » étaient proscrits. Chaque jour était une fête. Les hauts étaient vécus comme les bas. Avec insouciance. Maman nous fit des adieux magnifiques. Une grande comédienne… Et puis elle resta…
Courageuse, capricieuse et coquette jusqu’à la fin, je la revois sur la promenade des Anglais, à Nice, souriante sous son nouveau chapeau à voilette qui l’enchantait… N.T.