La violence ordinaire perpétrée au quotidien dans les organisations se
distingue de la violence physique, de la violence perverse, ou de celle liée
aux conditions de travail particulièrement pénibles de certains milieux
ou activités professionnels. Gilles Herreros s'attache ici à décrire et analyser la
violence banale exercée par un petit chef, un grand cadre, un collègue de travail,
vous ou moi peut-être même, car il défend l'idée que la percevoir est indispensable
pour s'y opposer.
À travers des récits mettant en scène des situations de travail analogues à
celles que chacun peut avoir vécu, l'auteur montre comment la violence se tisse
au jour le jour. Pour se perpétrer, comme pour se perpétuer, elle a besoin de
l'indifférence voire de l'acceptation du plus grand nombre. Les petits renoncements,
les cécités multipliées, les questionnements liquidés, chaque jour
répétés par les uns, fabriquent des mécaniques qui détruisent les autres. Et si
les systèmes managériaux génèrent de la violence, il est important de ne pas
diluer les responsabilités de ceux qui la rendent possible.
Toutefois, il n'y a aucune fatalité à ce phénomène. L'auteur plaide pour la mise
en place d'organisations «réflexives» valorisant une appréhension clinique
des procès de travail et le déploiement d'une critique réhabilitant la subjectivité
et l'intersubjectivité. Qu'il soit porté par le sociologue d'intervention ou
par ceux qui ont en charge le pilotage des organisations, ce changement suppose
l'adoption de postures inhabituelles en entreprise, et qui seraient pourtant
salutaires : négativité, intranquillité, attention au sujet...
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