La violence est un thème littéraire et artistique particulièrement problématique : peut-on en effet la montrer ? Elle confronte à l'innommable, se présente comme la tache aveugle de l'expérience, là où il n'y a plus rien à dire. Pourquoi l'art et la littérature s'obstinent-ils dès lors, tant dans le domaine sacré que profane, à sa représentation ? Et comment ?
Ce livre éclaire ces questions en montrant que la création littéraire ou artistique s'inscrit par nature au cœur d'une violence, celle de l'incapacité à dire ou à montrer, tandis qu'une autre puissance fait que l'on dépasse ce mutisme. La représentation de la violence est bien une douleur ajoutée ; elle donne accès à un «autre lieu», qui n'est pas la vie mais l'imaginaire. Posée dans le cadre d'un travail de création, la violence appelle nécessairement une interprétation qui va au-delà de ce qui est montré d'un point de vue littéral ; plus que tout autre objet, elle souligne dès lors le geste artistique. Or celui-ci s'avère susceptible de partager l'émotion, de signifier la révolte et d'esquisser un sens possible à l'horreur.
Cet ouvrage propose un jeu de regards croisés sur ce phénomène : des spécialistes de diverses disciplines des sciences humaines (histoire, théologie, étude des arts, des lettres et des médias, psychanalyse, politologie...) explorent les manifestations, monstrations, définitions, conjurations de la violence. L'effort transdisciplinaire s'est effectué ici grâce à deux notions : la représentation et la ritualisation, qui s'avèrent, en définitive, solidaires.
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