Rentré en France en juin 1771 après trois années passées
à l'île de France, Bernardin de Saint-Pierre, introduit
par Rulhière, fait aussitôt la connaissance de Jean-Jacques
Rousseau. Entre le futur auteur de Paul et Virginie et le
solitaire de la rue Plâtrière se noue, en dépit de quelques
nuages amenés par l'humeur sombre de Jean-Jacques, une
relation étroite qui durera jusqu'au départ du philosophe
pour Ermenonville, son dernier refuge, quelques semaines
avant sa mort.
C'est la disparition de son ami qui inspire à Bernardin
le désir de coucher par écrit les souvenirs de leurs entretiens,
de leurs longues promenades dans les environs de
Paris. L'ouvrage qu'il préparait est demeuré inachevé et se
compose pour l'essentiel de notes, d'observations, de
conversations rapportées. Ni éloge ni hagiographie, il se
veut un portrait sans retouches où, plutôt que l'écrivain de
génie, se révèle l'homme dans son quotidien. Après un
parallèle obligé avec Voltaire, Bernardin raconte les anecdotes
qu'il tenait de Jean-Jacques lui-même, saisit les
traits de son caractère, évoque les grands traits de sa philosophie,
ses oeuvres et celles qu'il projetait d'écrire
encore. C'est à lui que Rousseau eût souhaité confier le
soin d'achever la suite d'Émile, intitulée Émile et Sophie,
ou les Solitaires. L'essai de Bernardin, hommage de pieuse
amitié, constitue, comme il le disait lui-même, un «supplément»
aux Confessions pour les sept dernières années
de la vie de Rousseau.
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