La victoire était entre nos mains
Les soldats qui déchiraient ce matin le portrait de Nicolas me revinrent en mémoire. Nicolas se promenait encore en sécurité et continuait de se faire appeler tsar, mais où était le tsarisme ? Il n'existait plus. Il avait été renversé d'un souffle. Il lui avait fallu trois siècles pour s'édifier et trois jours pour disparaître.
Présent à Pétersbourg tout au long de l'année 1917, l'économiste et journaliste Nikolaï Soukhanov, alors militant clandestin, prend part à la formation du Soviet de la capitale dès fin février. C'est en observateur lucide et en chroniqueur aiguisé qu'il suit les avancées et les reculs de la Révolution russe. Entre juin 1918 et août 1921, mû par un sentiment d'urgence, il rédige ses Carnets pour témoigner de ce moment de basculement politique et social historique. Nikolaï Soukhanov relate non pas une crise (Février) et sa résolution (Octobre), mais un processus révolutionnaire aux bifurcations multiples. C'est toutefois en militant qu'il le fait, en militant marxiste, en menchevik internationaliste qui tâche de se situer dans le cours des événements, d'en cerner les enjeux et d'appréhender de façon critique les positions des différent.es protagonistes. Ses descriptions et ses analyses des alternatives politiques alors en présence - qui ne sont pas sans résonance aujourd'hui - font l'inestimable valeur de ces Carnets. Traduits pour la première fois dans leur intégralité en français, ils offrent une peinture extraordinairement vivante du Pétersbourg révolutionnaire et nous plongent dans l'atmosphère de « tragédie stupéfiante » qui gagne l'année 1917.
Carnets de Révolution russe
Ce premier volume s'ouvre sur les journées révolutionnaires de Février et la mise en place de la démocratie soviétique. Il s'achève par la tenue du premier Congrès panrusse des soviets du 3 au 24 juin 1917.
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