Donner une idée des écrits de Fredrik Sjöberg est à la fois
facile et très difficile. Facile parce qu'il suffit d'évoquer la prose
envoûtante et mélancolique de W. G. Sebald et de dire : voici la
même famille d'esprits, en plus humoristique, plus ludique, mais
tout aussi fascinant et profond. Difficile, parce que, comme chez
Sebald, c'est une prose inénarrable : la décrire c'est comme décrire
un morceau de musique, c'est-à-dire passer à côté de l'essentiel.
L'histoire ? Bien sûr, il y a une histoire : le narrateur, un entomologiste
(comme l'auteur lui-même) commence à s'intéresser au
destin d'un homme à facettes multiples : un scientifique, spécialiste
des vers de terre, qui fut également historien d'art, viticulteur
de renom, photographe, aquarelliste, mais aussi théosophe, ami
de Strindberg et un des pionniers du mouvement écologique aux
États-Unis. Gustaf Eisen (1847-1940) est le nom de cet étonnant
personnage dont Fredrik Sjöberg raconte la vie - et ce faisant, il
raconte la sienne propre : sa passion de collectionneur (d'insectes
et de destins énigmatiques), son rapport à son travail, scientifique
et littéraire, ses méditations sur la nature, sur la collecte et les collectionneurs,
l'art et la science...
Point de spéculations abstraites, il ne s'agit pas de bâtir un
système ; des histoires drôles, des anecdotes, des saynètes constituent
la matière première de cette prose à la fois légère et profonde.
Une pensée qui vagabonde sans jamais s'égarer ; des rêveries
d'un «promeneur solitaire», mettant en scène une foule de
personnages, aux destins souvent rocambolesques.
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