«Le 10 juillet 1985, dans le port d'Auckland (Nouvelle-Zélande),
le Rainbow Warrior, navire amiral du mouvement
écologiste Greenpeace, s'apprête à faire cap vers l'atoll
de Mururoa, afin de protester contre les essais nucléaires français.
Il ne prendra jamais le large : peu avant minuit, deux nageurs de
combat des services secrets, équipés d'explosifs, l'envoient par le
fond. Coûtant la vie à un photographe, cet attentat aux antipodes
fut un scandale mondial débouchant sur une affaire d'État en France.
«Jeune journaliste au Monde, je fus, cet été-là, à l'origine des
révélations qui, faisant tomber le château de cartes du mensonge
officiel, provoquèrent la démission du ministre de la Défense et du
patron de la DGSE. Mais j'ai longtemps choisi de me taire malgré
toutes les approximations ou rumeurs qui se sont emparées de cette
affaire. J'ai préféré laisser dire, notamment par respect pour les acteurs
opérationnels d'une mission dont le pouvoir présidentiel d'alors,
celui de François Mitterrand, était seul coupable et comptable.
«C'est ce silence que j'ai décidé de rompre. Parce que l'affaire
Greenpeace est une leçon de choses journalistique, salutairement
démystificatrice sur ce qu'est une enquête, son artisanat, ses intuitions,
ses tâtonnements, ses risques. Parce qu'elle éclaire d'une lumière
aveuglante la réalité faiblement démocratique du présidentialisme
français, ses abus de pouvoir potentiels et les risques qu'ils font
courir à notre pays. Enfin, tout simplement, parce que l'acteur de
cette histoire que je fus n'a plus envie que d'autres la malmènent
ou la déforment.»
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