La Transformation de la Nature en Art
Ananda Coomaraswamy, qui consacra sa vie à mettre en évidence ce qu'il appelait l'unanimité des traditions orthodoxes - unanimité qui, pour lui, découlait de ce qu'il n'y a pas deux Déités et donc, pas deux Vérités -, s'attache dans ce livre à montrer comment, partout et toujours, l'artiste devait, après la pratique de la contemplation auprès d'un maître qualifié, exprimer de manière sensible ce qu'il avait glané lors de sa pratique spirituelle. Au point que, si une fleur est si parfaitement reproduite qu'elle peut abuser une abeille, ce ne pourra être une oeuvre d'art : celle-ci aurait dû représenter l'idée de la fleur « en Dieu » et non « en nature ». C'est donc bien à une « transformation » de la nature, un « passage au-delà de la forme » que l'artiste doit procéder pour qu'il soit question d'Art.
Tout en produisant une importante oeuvre littéraire, Ananda Coomaraswamy fut conservateur des musées des Beaux-Arts de Chicago et de Boston auxquels il donna des orientations déterminantes. En 1947, il annonça à ses collègues sa décision de se retirer en Inde pour « découvrir ce qu'il avait compris ». Le descendant des Vizirs de Ceylan vit son voeu exaucé de façon bien différente puisqu'il fut rappelé à Dieu quelques semaines plus tard.
L'autorité d'Ananda Coomaraswamy est considérable, tant dans son pays d'origine - où il n'est pas rare de voir des rues porter son nom -, que dans sa patrie d'adoption. Il pratiquait couramment une vingtaine de langues, ce qui garantit à ses lecteurs que ses sources étaient de première main, et fait de chacune de ses productions une référence sans équivalent. Il trouva et actualisa son orientation spirituelle définitive en 1935, époque de sa rencontre épistolaire avec René Guénon.
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