A la fin du XVIIIe siècle, la nécessité de développement de ses possessions américaines obligea la Couronne espagnole à concéder la libéralisation du commerce, ce qui entraîna celle de la traite négrière. Montevideo fut choisie comme le port où se dérouleraient les formalités de contrôle pour les provinces du Río de la Plata. Ce serait également le point de départ de la traite interne vers les côtes du Pacifique. Les négriers établirent des réseaux en connexion principale avec l'océan Indien et secondaire avec les Etats-Unis et le Brésil portugais. Ainsi la traite se globalisa au niveau international.
La gestion commerciale fut relayée dans l'Ile de France [Maurice], qui devint un centre très actif de préparation à la traite vers les îles et les côtes de l'Afrique de l'Est : Mozambique, Zanzibar, Quelimane, Quiloa. L'île offrit ainsi un champ d'expansion de l'économie du Río de la Plata, avec la fourniture de viande sèche ou salée, de cuirs et de suif, indispensables pour les navires, mais aussi un lieu d'approvisionnement en produits exotiques : poivre, clous de girofle, cannelle, sucre, etc., diffusés en Amérique du Sud, par les mêmes routes que les esclaves.
Si, à l'aller, Maurice était l'escale indispensable des navires négriers, le Cap de Bonne Espérance s'imposa comme celle du retour, de façon à soulager les souffrances des esclaves, non par humanitarisme mais par intérêt bien compris.
Les Portugais installés sur la côte de l'Afrique de l'Est, en particulier dans l'île de Mozambique, virent l'avantage qu'ils pouvaient tirer de leur propre expérience et se lancèrent dans des expéditions de traite vers Montevideo, rivalisant avec les réseaux montés par les groupes de pouvoir du Río de la Plata. On assiste donc à une rivalité bipolaire, lutte qui aurait peut-être été remportée par les « Mozambicains », si les événements n'y avaient fait obstacle.
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