Par deux fois, Edouard Balladur s’est trouvé assister et parfois suppléer un chef de l’État en fin de vie : François Mitterrand en 1994 – son témoignage, Le pouvoir ne se partage pas, a été couronné par le prix Aujourd’hui- et, en 1973-1974, Georges Pompidou lorsque, secrétaire général de l’Élysée, il avait déjà fait figure de « président par intérim ».
Edouard Balladur a rassemblé et complété par des documents d’archives les notes qu’il a prises durant les trois mois terribles qui, au début de 1974, précèdent le décès de Pompidou, le 4 avril. L’intérêt historique de ces pages est considérable : en politique intérieure, sur la rivalité Chaban/Giscard, le rôle de Pierre Juillet, l’insuffisance martiale de Messmer, le choc pétrolier consécutif à la guerre de Kippour, la décision de faire « flotter » le franc ; à l’extérieur, les difficiles relations avec Willy Brandt, et surtout la partie de bras de fer avec Nixon et Kissinger dans les relations avec l’OPEP.
L’intérêt humain n’est pas moins fort : l’ironique grandeur de Pompidou face à la souffrance physique, le calvaire de ses déplacements (comme en Crimée pour rencontrer Brejnev), la comédie jouée pour contrer la rumeur et les paparazzi, ces séquences sont d’autant plus saisissantes qu’évoquées sans pathos. Et c’est sans compter avec les portraits acérés de Jobert, Giscard, Chirac, Chaban, Juillet, Debré, Guichard, où le trait est d’autant plus efficace qu’il est retenu.
Enfin, pour la première fois, est explicitée la nature du mal auquel a succombé Georges Pompidou et le fait qu’il était parfaitement au courant de son état. Un document exceptionnel.
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