Trois cents ans de tourisme suffisent à prouver l’importance de cette activité pour la Suisse. Comprendre cette continuité nécessite de prendre en compte de multiples aspects, les succès comme les échecs, les anticipations comme les adaptations, les innovations comme les imitations, les embellissements comme les enlaidissements, les créations comme les destructions, les mensonges comme les vérités.
Sans se priver d’imiter des développements qui s’amorçaient hors de son territoire, la Suisse a aussi donné ses propres impulsions en indiquant la marche à suivre, innovant sur les modalités, anticipant les besoins, créant des marchés. Elle n’a pas hésité à construire les infrastructures nécessaires aux déplacements des touristes, là où personne ne pensait qu’il était possible de le faire, à bâtir des hôtels même sur des sommets très élevés, à mettre en valeur des points de vue inégalables, pas toujours consciente des impacts sur cet environnement. Mais loin d’accueillir passivement des touristes indifférents à ses habitants ou méfiants à leur vue, loin d’être simplement le sujet de stéréotypes, elle s’est offerte à eux avec malice, laissant transparaître ce qu’ils désiraient d’elle, cachant sous ses oripeaux ce qu’elle était vraiment.
Cet ouvrage se veut une exploration de l’histoire du tourisme en Suisse dans ses enchaînements technico-chronologiques. En suivant l’évolution des moyens de transport dans cette quête d’exotisme offert par l’espace national, il inventorie la façon dont le tourisme a pris racine en Suisse, s’est développé, s’est transformé, a été critiqué pour devenir non seulement un secteur économique-clé, mais encore un vecteur identitaire de première force et une arme publicitaire essentielle. «Le côté intrigant du tourisme, c’est qu’il n’est fondé sur aucune nécessité.» Les propos de Catherine Bertho Lavenir font singulièrement écho à ce que nous avons tenté de montrer avec l’exemple helvétique
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