« L'unique médecin du peuple, pendant mille ans, fut la Sorcière. Les empereurs, les rois, les papes, les plus riches barons, avaient quelques docteurs de Salerne, des Maures, des Juifs, mais la masse de tout état, et l'on peut dire le monde, ne consultait que la Saga ou Sage-femme. Si elle ne guérissait, on l'injuriait, on l'appelait sorcière. Mais généralement, par un respect mêlé de crainte, on la nommait Bonne dame ou Belle dame (bella donna), du nom même qu'on donnait aux Fées. »
Jules Michelet
En lisant ou en relisant Michelet, l'impression est que tout l'élan qui a fait surgir le féminisme dans notre temps et qui s'accomplit aujourd'hui dans le culte rendu à la sorcière, à la femme sauvage, au Féminin sacré ou guerrier, est né chez lui, dans les pages d'un livre fou, publié pour la première fois en 1862, un livre de poésie et de rage pareil à nul autre.
Un livre fou puisque, pour écrire cet hommage vibrant à l'insoumission de la femme, à la sorcière qui sommeille en elle, il fallait s'en prendre frontalement à l'Église qui « n'a pas assez de bûchers contre l'infortunée », une Église qui régnait en maître sur les esprits et sur un pouvoir dont elle armait le bras. Aux yeux du clergé, la sorcière était la résurgence de tout ce qu'il haïssait de l'héritage des temps passés, une certaine forme de paganisme et une dévotion à la nature.
Jean-Philippe de Tonnac s'est pris de passion pour la tonitruante actualité du texte de Michelet. Dans l'introduction à ce livre brûlant, magnifié par les illustrations de Gabriel Sanchez, il met en exergue son extraordinaire modernité et salue l'hommage magistral que Michelet rend aux femmes. Un ouvrage inconcevable dans le contexte historique qui l'a vu naître ; inattendu aussi dans le parcours de vie de l'auteur. Un écho aux prises de conscience et aux combats actuels.
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