Pour sa quatrième livraison, après avoir exploré le charisme ( Anatomie du charisme), l'habiter
( Les Sens de la maison) et les corps ( Corps au paroxysme), la revue Sensibilités. Histoire, critique & sciences sociales s'empare de nos rêves.
La société s'arrêterait-elle aux portes du sommeil ? Là même où, du fond de soi, jaillissent toutes nos fantaisies nocturnes, aussi continûment déroutantes qu'extraordinairement intimes. De nos jours, l'opinion commune est que toute cette cohue d'images qui constitue l'étoffe des rêves est certes énigmatique, mais cohérente et hautement signifiante. On la dit surgie des abysses mêmes de nos inconscients personnels. Soit du plus secret, du plus foncier, du plus ignoré de notre être. Au point qu'on en vienne à oublier combien toute notre histoire collective, elle aussi, s'y abrite, comment la société elle-même s'invite secrètement jusque dans les plus obscures profondeurs de nous-mêmes. Saisir la façon dont le social et l'histoire travaillent souterrainement le statut, la matière et les significations du rêve, voilà qui peut ainsi dérouter bien des habitudes de pensée.
À l'heure où la désaffection de la psychanalyse pour les rêves se fait des plus sensibles, au moment même où les neurosciences se préoccupent surtout d'une demande sociale visant les troubles du sommeil, le moment semble plus que jamais propice à l'épanouissement d'une véritable science sociale des rêves.
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