«Le monde ne sera plus jamais le même» : depuis le jour tragique du 11 septembre, le récit de la catastrophe s'apparente à un discours sur les origines.
On s'attendait à ce que la société américaine fût profondément transformée : la colère, le patriotisme exacerbé y compris pour une intervention lointaine en Afghanistan, l'auto-censure de la presse, l'abdication par quatre Américains sur cinq de leurs libertés, New York profondément meurtrie, les débats incessants sur «le pourquoi nous haïssent-ils ?»... L'Amérique n'était plus la même.
Et pourtant, si tout a changé, en apparence, le 11 septembre est un révélateur de tendances lourdes dans la société américaine. Les notions d'élection et de Manifeste Destinée, la tolérance implicite de la corruption économique, la méfiance envers l'Etat fédéral et les organisations internationales, le repli communautaire, l'auto-défense par les armes : les singularités américaines n'ont pas été ébranlées par le 11 septembre. Toutefois, malgré la désignation répétée d'ennemis combattants ou infiltrés et l'incitation gouvernementale à la délation, les citoyens, dans leur grande majorité, ne sont pas dupes de la manipulation des risques par leurs gouvernants.
Quant aux réactions de New York, elles montrent les continuités et l'accélération de processus à l'œuvre. La reconstruction du Lower Manhattan, sur laquelle s'articule le livre illustre les luttes de pouvoir sous des apparences démocratiques au sein d'un mode de gouvernance pluraliste. Au cours de l'année écoulée, l'opportunisme politique a joué à plein et le 11 septembre a fourni un excellent prétexte aux multiples entrepreneurs publics et privés qui avancent leurs pions sur l'échiquier du pouvoir.
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