«SOS Silhouette» proclame, avec insistance, le titre d'un livre
récent. La silhouette et son profil d'emblée visible sont devenus
indices de bien-être possible, voire de conformité, autant qu'indices
de troubles possibles, voire de danger. L'une et l'autre doivent être
l'objet de surveillance intime. Ils doivent s'évaluer, se travailler. L'état
de la silhouette est quasiment aujourd'hui une «valeur» : une présentation
spécifique de soi. Ce mot de «silhouette» pourtant, apparu dans
les années 1760, longtemps cantonné à l'univers des dessinateurs, n'a
pas toujours eu l'enjeu qu'il cristallise aujourd'hui. Ses glissements de
sens sont nombreux. Ils révèlent la place croissante prise par le regard
porté aux allures et aux anatomies. Comme ils révèlent la place croissante
prise par les pratiques censées les maîtriser.
Cette histoire du thème n'est pas faite. Le mot, les images qu'il suscite,
les comportements qu'il réfère, ne sont étudiés ni dans leur itinéraire
iconographique ou lexical, ni dans leur itinéraire culturel. Aucun doute
pourtant : cette histoire a un sens, une «logique» conduisant à faire de la
silhouette, avec notre modernité, l'objet d'un enjeu inégalé.
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