Les textes et dessins retrouvés de ces aristocrates anglais et américains en excursion sur la Saône en 1886, sont certainement les plus beaux chants - au sens classique du terme - qui m'aient été jamais rapportés sur ce thème. Mieux que dans nul autre oeuvre, ici vous éprouverez la puissance et la beauté d'un mythe, celui du fleuve éternel appelé Arar... Car c'est bien ainsi que se nommait la Saône au début des temps. Hamerton et Pennel font partie de ces élites du XIXeme qui n'avaient de cesse de parcourir la planète pour se l'approprier, pour la comprendre, pour l'éprouver et la raconter. Pour nous lecteurs, ce n'est pas le moindre de nos étonnements que de les voir nous rapporter le jeu des parallèles entre Corre et Khartoum, Châlon et Le Caire. Ces deux pionniers de la navigation touristique sont des ethnologues et surtout des poètes qui chantent merveilleusement les beautés de Souconna, ainsi érigée en déesse dans le panthéon romain.
« ... Corre a été probablement l'un des endroits de France les plus remarquables par la quantité des vestiges romains. Ici les villageois semblent comme des enfants dans un musée d'oeuvres d'art. Les vaches s'abreuvent aux sarcophages, l'adjoint au maire utilise un buste d'Apollon comme siège de jardin, les lavandières sèchent leur linge sur des bas-reliefs antiques, le rossignol chante dans un parc en déshérence somptueuse peuplé de sculptures romaines... »
Cela n'est qu'un court extrait d'une édition originale très rare. L'amitié d'un collectionneur averti m'a permis de la consulter et de l'utiliser à des fins nouvelles de publication. Il m'est tout de suite apparu que je devais faire appel à l'ami photographe Jack Varlet pour, un siècle plus tard, qu'il se lance à son tour sur les traces des pionniers. Avec sa curiosité enthousiaste et non feinte quant à notre environnement, sa quête identitaire, son pas prompt à débusquer les éléments d'un patrimoine enseveli et son regard d'artiste, il accompagne - dans cet ouvrage - ces maîtres amoureux de la déesse Souconna.
« ... Nous notons ici la civilité remarquable des gens, qui disaient tous, " Bon soir, messieurs ", d'une façon chaleureuse, en soulevant leurs chapeaux et nous regardant directement au visage... »
Pascal Magnin
En cette fin du XIXème siècle, une jeune élite anglo-saxonne intrépide et aventureuse, invente une forme de Voyage que notre modernité nommera, plus tard tourisme. On lui doit tous ce précieux ouvrages d'art du XIXème d'une grande valeur documentaire, ethnologique et iconographique. On trouvera cette aristocratie voyageuse au quatre coins de la planète, aussi bien en Abyssinie ou au Yunnan que sur la rivière Saône dont le haut cours vient d'être aménagée.
Durant ce bel été 1886, l'anglais Philip Gilbert Hamerton prend des notes sur les paysages haut-saônois, les villages et ses habitants. L'ami américain Joseph Pennell illustre la Saône par ses gravures sensibles...
De retour au pays, leurs éditeurs respectifs, à Londres et à Boston, font paraître l'ouvrage « The Saône, a Summer Voyage ». Ici traduit, il garde toute la saveur exotique du compte-rendu des grands explorateurs qui nous enseignèrent le monde avec jubilation.
Grâce à son éditeur haut-saônois qui a eu l'opportunité de faire traduire ce texte, le photographe Jack Varlet, envoûté par les gravures et le climat poétique des écrits originaux, aura, à son tour, passé l'été 2005 sur la Saône, la déesse Souconna de nos ancêtres. Un siècle plus tard, il sera donc retourné sur les traces de nos célèbres aventuriers.
Il nous revient avec une maison de clichés, tout à la mesure de ces artistes qui l'ont précédé et initié.
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