La Sagesse selon l'idiot
Édition bilingue latin / français
- L'idiot : À voir tes grands airs je m'étonne : tu t'épuises, par une lecture assidue, à lire d'innombrables livres et tu n'as pas encore été conduit à l'humilité ! Cela vient certainement du fait que le « savoir » « de ce monde », dans lequel tu penses être plus avancé que les autres, n'est qu'une « bouffonnerie » [...]. Alors que le véritable savoir rend humble. J'aimerais que tu te tournes vers lui, car là est le trésor de joie.
- L'orateur : Quelle est cette présomption, homme pauvre, simple et profondément ignorant, qui te fait faire si peu de cas de l'étude des textes ?
Voilà comment Nicolas de Cues entame ce court dialogue plein d'humour, écrit en 1450 dans la solitude, qui dessine - en deux livres où il est question de la sagesse éternelle et des moyens de s'en approcher - comme un discours de la Méthode. Irrévérencieux, ce livre met en scène un homme simple et un érudit, discutant ensemble des preuves de la perfection de l'homme. Le bon sens, le « parler correct » et les mathématiques, s'ils sont conjoints à l'humilité et à la simplicité, conduisent au plus près de la vérité infinie, du Principe ou de l'Un.
La théologie dite négative - celle de Plotin, Denys l'Aréopagite ou Jean Scot Erigène - trouve ici son expression la plus paradoxale mais aussi la plus féconde : elle est, pour Nicolas de Cues, un appel à toujours savoir plus et mieux, tout en ayant conscience que notre science ne sera jamais que finie. Elle est encore un appel à se mieux conduire, tant il est vrai que la sagesse exige à la fois l'exactitude de la pensée et la droiture de la conduite. Telle est la sagesse selon l'idiot, cette sagesse qui prend à revers les préjugés de l'époque mais qui n'en est que plus vraie.
We publiceren alleen reviews die voldoen aan de voorwaarden voor reviews. Bekijk onze voorwaarden voor reviews.