Il y a aussi la propension aux larmes, aux pleurs, qui
ont rythmé mon enfance et ponctué ma vie. La danse
a-t-elle pris la place de cette lacune de paroles et de ce
trop-plein de larmes ? Devient-on danseur parce qu'on
mésestime nos pleurs et brime nos larmes ?
Pleurer est un bonheur, oui un bonheur, que je tiens
de ma mère, grande pleureuse à ses heures, que je ne
remercierai jamais assez de m'avoir passé sa passion.
Est-il vraiment incongru de pleurer, d'aimer pleurer,
d'aimer les larmes à en pleurer ? Sont-ce ces pleurs que
je danse depuis soixante-dix ans, que j'ai transposés et
transpose encore dans les gestes que je fais ?
Vient le silence, puis viennent les larmes, puis, la
danse ?
Est-ce que je danse les pleurs que je ne peux pleurer
? Vit-on jamais un danseur pleurer en scène ? C'est
dans sa danse que ses pleurs se nichent.
We publiceren alleen reviews die voldoen aan de voorwaarden voor reviews. Bekijk onze voorwaarden voor reviews.