Selon ses propres souvenirs, Jozef Wittlin a rencontré son héros, Piotr Niewiadomski, en 1928, à Paris : «Je l'ai vu sur le bitume luisant de pluie de la place de la Concorde, envahie par le fourmillement des voitures qui, luisantes elles aussi, partaient dans tous les sens. Le contraste éclatant a fait naître dans mon imagination le visage d'un simple paysan, venu d'un monde étranger, tellement lointain de Paris, d'une civilisation complètement primitive. En pleine place de la Concorde Piotr Niewiadomski n'était pas encore portefaix dans une gare. Il était un berger des Carpates qui, fouet à la main, pieds nus, guidait dans la foule vrombissante de voitures les rênes de ses deux petits chevaux hutsules attelés à une charrette remplie de foin...»
Le choc entre deux univers éloignés, l'irruption d'un monde moderne dans l'existence d'un homme simple et naïf restent au cœur du récit. La Première Guerre mondiale bouleverse la vie de Piotr Niewiadomski : appelé sous les drapeaux dans l'armée autrichienne, il découvre la justice et l'humiliation, la cruauté et la camaraderie, la souffrance et la mort... Sur le fond des derniers instants de l'empire austro-hongrois, dans une atmosphère qui n'est pas sans rappeler l'univers de Joseph Roth - une des amitiés viennoises de Wittlin -, l'écrivain polonais compose un roman sobre et beau, chant à la gloire des petites gens et réquisitoire contre la guerre, qui aujourd'hui, après les atrocités de la Seconde Guerre mondiale, frappe de sa force prémonitoire.
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