L'éternité pliée**
La rivière entre les doigts
Tome II, 1976-1978
Dans ce second volume de L'Éternité pliée, qu'il intitule La Rivière entre les doigts, Henri Heinemann, nous offre, tel quel, le journal qu'il tint en ces années-là. Qu'il ait brisé le sceau d'une intimité inhérente à l'exercice même du diariste rend l'auteur inestimable ; quant à la matière de ses textes, il n'est de page qui n'en sécrète les qualités premières : grâce, charme, fluidité merveilleuse de l'expression, lucidité. L'auteur n'élude rien de ses tensions et tentations : ce qui eût été scabreux - sans la maîtrise constante d'un style d'une pureté classique presque émouvante - devient fraîcheur et sagesse. Les meilleurs écrits de Colette n'en sont pas supérieurs. Aussi Henri Heinemann exerce-t-il avec constance son ascendant sur le lecteur amoureux de la belle ouvrage.
On traverse la France des années Giscard, ses espoirs, ses flambées. On y rencontre les écrivains de ces années-là. Heinemann est élu maire à Cayeux et, au fond, à la joute du forum, il préfère, en son for intérieur, l'intimité de l'écriture et la solitude du lecteur.
Second volet de la somme, La Rivière entre les doigts nous offre précisément les notations d'un quotidien qui fuit. Fin lecteur, Heinemann, en devient, à son corps défendant, l'observateur aigu. Son document n'est pas qu'un document littéraire : il a l'épaisseur des dits humanistes ; au premier chef, il en traduit l'espérance et, à un autre degré, il est la photographie d'une certaine France.
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