Connue comme une grande place négociante et portuaire, Nantes est aussi dans la seconde moitié du XVIIIe siècle une grande ville industrielle et ouvrière. Dans les ateliers et les manufactures, sur les quais et les chantiers, de très nombreux ouvriers et ouvrières y travaillent. En cette période, la ville croît et la Révolution industrielle naît. Si la création des grandes manufactures cotonnières – les indienneries, puis les filatures mécanisées – témoigne avec éclat de ce puissant essor, le travail dispersé connaît lui aussi d’importants changements. Certes, le monde ouvrier nantais présente, à première vue, une grande diversité. Mais la plupart des ouvriers ne partagent-ils pas une identité commune forgée au travail ? Celle-ci se fonde sur la qualification et l’autonomie qui nourrissent un idéal de fierté et de dignité. Remis en cause par l’industrialisation, cet idéal s’affirme cependant dans la résistance que les ouvriers opposent aux nouvelles exigences patronales et au renforcement de la police du travail. Durant cette première phase de la Révolution industrielle éclate la Révolution française. Importante, la participation des ouvriers nantais à celle-ci se révèle en partie autonome et originale, car elle se nourrit tout autant de leur identité sociale et culturelle que de leur implication dans la Révolution. Ainsi, l’articulation du social et du politique se place au cœur de l’expérience révolutionnaire des ouvriers. La maturation chez eux d’une conscience révolutionnaire passe donc non seulement par l’engagement dans les combats révolutionnaires, mais encore par l’aiguisement des revendications sociales.
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