Loin d’être un discours seulement religieux, le sermon permet aux orateurs protestants de délivrer un message sur la res publica, c’est-à-dire l’intérêt général, les fondements et principes de l’organisation de l’État, la souveraineté et enfin le bien public. C’est sous l’angle sociopolitique que les discours de chaire luthériens et réformés francophones (France et Églises du Refuge) sont ici appréhendés pour étudier en quoi et comment ils servent de support de diffusion d’une culture politique républicaine, du milieu du xviie siècle jusqu’à la décennie 1840-1850. Dès lors, cet essai examine la place de la prédication dans les protestantismes et cerne les moyens dont disposent les pasteurs pour acquérir l’éloquence nécessaire à cette prise de parole, dans la clandestinité du Désert comme dans la légitimité acquise avec la Révolution française. Il interroge également les principes républicains présents en chaire en s’intéressant à leurs fondements scripturaires, philosophiques et historiques. Enfin, il déploie une analyse des pratiques républicaines portées par les discours ou les actes des prédicateurs protestants. Fondée sur des sources jusqu’alors peu mobilisées par les historiens du protestantisme ou du politique, cette enquête développe une double dimension, religieuse et civique, et une réflexion située dans une séquence chronologique entre siècle des Lumières et premier xixe siècle, caractérisée par l’apparition de processus de politisation de masse auxquels participent luthériens et réformés.
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