Née en 1918, dans les affres de la guerre et de la révolution, la république de Weimar était-elle condamnée à livrer l'Allemagne aux mains d'Hitler ?
En Allemagne, la république dite " de Weimar " naît en novembre 1918 dans le pire des contextes : celui d'une défaite à l'issue d'une guerre terrible et d'une révolution. À cela s'ajoute, quelques mois plus tard, la signature à Versailles d'un traité de paix aux conditions draconiennes. Autant d'avanies qui font peser sur la jeune république une tache dont elle ne se libérera jamais. Ses ennemis ne vont cesser de l'accuser de porter la responsabilité de la défaite, brandissant sans relâche contre elle la thèse du " coup de poignard dans le dos ". La république de Weimar était-elle condamnée dès lors à n'être qu'une parenthèse entre l'Allemagne des Hohenzollern et le IIIe Reich ? Si on devait le croire, cela signifierait que l'accession d'Hitler à la Chancellerie était inéluctable. Or Jean-Paul Bled montre dans cet ouvrage passionnant qu'il n'en fut rien.
Dès ses origines, des forces hostiles de droite et d'extrême gauche se mobilisent contre la République et cherchent à la renverser. D'autant que son système présente un certain nombre de faiblesses graves. Le mode de scrutin (la proportionnelle intégrale), en particulier, rend très difficile la formation de majorités solides et provoque une instabilité gouvernementale chronique.
Malgré ces fragilités, la république de Weimar surmonte d'importantes crises qui auraient pu la renverser. C'est notamment le cas en 1923, année qui voit tout ensemble une inflation galopante et des tentatives de putsch d'extrême gauche et d'extrême droite. Jusqu'en 1930, la République bénéficie du soutien de la majorité des Allemands.
Le tournant intervient cette année-là dans le sillage de la grande crise venue des États-Unis. Les partis extrémistes progressent alors fortement, dont les communistes du KPD, mais surtout les nationaux-socialistes du NSDAP : en juillet 1932, ils avec plus de 37% des suffrages, Hitler peut déjà se croire aux portes du pouvoir. Pourtant le président de la République, le vieux maréchal Hindenburg, refuse de le lui livrer.
Au début de 1933, Hitler est sauvé par le retournement de Franz von Papen qui joue le rôle de " l'idiot utile " en lui proposant d'engager des négociations en vue de la formation d'un gouvernement commun. Aux termes de l'accord trouvé entre les deux hommes, Hitler sera le chancelier et Papen le vice-chancelier du nouveau gouvernement. Ce dernier, convaincu d'avoir manipulé Hitler, estime avoir réussi un coup de maître. La suite des événements dira l'immensité de son erreur.
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