De la chute de Napoléon III en 1870 à la césure de la Première Guerre mondiale, la caricature politique des premières décennies de la troisième République va se déchaîner. Par opposition au discours républicain constitutionnel et institutionnel, elle a eu largement recours au vocable du corps pour personnifier et dénoncer. Le corps et ses métamorphoses ont ainsi été le lieu, dans la sphère de ľimage satirique, d’un contre-pouvoir efficace et percutant, essentiellement fondé sur le principe d’une dégradation déclinée sous de multiples formes, en regard et en dérision du culte du grand homme. La personnification des scandales, les déformations physiques, les régressions végétales ou animales et les insectisations ont constitué l’arsenal graphique et symbolique par lequel les caricaturistes antirépublicains ont attaqué le régime. On y retrouve en arrière-plan les théories scientifiques contemporaines — physiognomonie, phrénologie, morphophysiologie... —, les combats esthétiques et politiques et l'idéologie républicaine même, récupérée et détournée. Le « corps » politique reprend ici ses droits, à ses dépens, avec une outrance qui nous surprend. L’ouvrage comprend un ensemble d’annexes et un dictionnaire des caricaturistes et dessinateurs de presse, comportant de nombreuses données inédites.
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