Comment se forment les identités collectives ? Le «populisme»
fait l'objet d'un rejet méprisant. À juste titre, car il est lié à
des excès dangereux. Pourtant ces excès ont une logique,
qu'Ernesto Laclau analyse en revisitant dans leurs paradoxes
la «psychologie des masses», des «foules», la «psychologie
collective», à travers Le Bon, Taine, Tarde, McDougall et Freud.
Dès lors, le rejet du populisme n'apparaît plus seulement
comme la relégation de phénomènes périphériques dans les
marges de l'explication sociale, mais bien comme le rejet du
«politique tout court», dont l'administration se trouve livrée
au philosophe, seul juge depuis Platon de ce qu'est la communauté
bonne. Comment, dans ces conditions, construire la
notion de «peuple», comment produire discursivement le
vide ? La Raison populiste explore la logique de cette construction,
ni révolution ni administration, soulignant le rôle constitutif
de l'hétérogénéité sociale, et le rapport, de Gramsci à
Lacan, entre partie et tout via l'objet partiel, qui précisément
est le tout.
Ernesto Laclau nous aide à analyser les concepts, les mots et
les affects qui produisent non seulement Perón et Mao, mais
Berlusconi, voire plus près encore, et forge d'autres outils
pour fabriquer quelque chose comme le «peuple».
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