La raison économique et ses monstres
La raison économique gouverne comme jamais notre débat public, mais elle n'a rien de réaliste : nos systèmes économiques aggravent d'une main les chocs écologiques et de l'autre affaiblissent les institutions sociales qui pourraient nous en protéger. D'un côté le chaos grandit, de l'autre on sape la solidarité. Dans ce monde invivable que nous bâtissons depuis trois décennies au moins, perclus d'inégalités et de privilèges, seul le ressentiment prospère. Il y a donc urgence à nous désintoxiquer des mythologies économiques.
Comment ? D'abord, en mettant clairement au jour la croyance qui colonise nos imaginaires pour la regarder bien en face. La chimère économique a trois têtes. La première tête, de chèvre, ânonne sans fin le présent : il faut réformer pour performer. La deuxième tête, de serpent, ressasse le passé et crache son venin nostalgique : il nous faut nous venger de notre déclin. La troisième tête, de lion, brûle l'avenir de son souffle ardent : il nous faut consommer, en nous consumant. Trois têtes - le néolibéralisme, la social-xénophobie, l'écolo-scepticisme - tenues ensemble par un même corps : la « raison » économique.
Quand cesserons-nous de croire en la chimère économique ? Quand nous voudrons ensemble un autre récit.
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