Parce que les hommes naissent ignorants des causes des choses et
que chacun d'eux n'est pas «comme un empire dans un empire»,
ils sont vulnérables, ils sont dans la servitude pour reprendre
l'expression utilisée par Spinoza dans Éthique IV. Ils sont dépendants
de la nature tout entière et par conséquent, ils sont dépendants les
uns des autres. Mais cette dépendance n'est pas nécessairement
un signe de faiblesse. C'est elle, qui lorsqu'elle est bien ordonnée,
empêche que les hommes deviennent les ennemis les uns des autres.
Aussi, pour éviter que dans l'humanité tout ne se passe pas comme
dans l'état de nature initial où «les gros poissons mangent les petits»
et où «l'homme est un loup pour l'homme», faut-il des lois pour
protéger les plus faibles ainsi qu'une autorité pour les faire respecter.
Mais la loi, à elle seule, ne peut pas apporter aux hommes la chaleur
dont ils ont besoin pour se sentir soutenus et se rendre utiles les uns
envers les autres. Il faut donc à l'homme vulnérable une sagesse
pour l'accompagner et l'inviter à faire preuve d'autant de sollicitude
qu'il est possible envers ses semblables.
Mais si l'on appelle sagesse, un savoir qui procure la vertu, que
peut bien être la sagesse de l'homme vulnérable ? Sinon une sagesse
consciente de sa propre vulnérabilité et par conséquent de ses limites.
C'est à l'intérieur de ces limites que nous proposons au lecteur
de circuler. En espérant qu'il trouvera dans ces quelques textes des
pistes qui l'aideront à repousser et peut-être à franchir ces limites
pour progresser vers une autonomie solidaire. C'est-à-dire vers la
capacité, non pas de se suffire à soi-même, mais de se déterminer
avec et pour les autres par la compréhension des liens qui nous
unissent à la nature tout entière et donc à l'humanité qui en constitue
la partie qui nous importe le plus.
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