Les workhouses, ce sont ces maisons de travail, tristement célèbres depuis que Dickens les a décrites dans Oliver Twist, où l'on a parqué les pauvres en Angleterre durant plus de trois cents ans : du XVIIe siècle jusqu'au début du XXe, y ont été exclus de la société et soumis à un travail pénible aussi bien qu'aux brimades des surveillants les enfants, adultes ou vieillards jugés incapables de s'insérer dans une société urbanisée de plus en plus compétitive. Souvent soupçonnés de paresse, voire d'immoralité et de malhonnêteté, ils y étaient accoutrés d'uniformes où était cousue la lettre P (pour pauper), entassés dans des dortoirs dont la promiscuité favorisait la propagation des maladies, en butte à une discipline pénitentiaire qui préconisait, entre autres, l'usage du fouet, la privation de nourriture et
l'envoi au cachot...
Pourtant, les workhouses ont aussi été des établissements de secours aux indigents d'un genre unique en Europe : à la fois ateliers et hospices, où le travail manuel fédérait un projet de société - une forme d'assistance publique avant l'heure. Ces institutions furent au coeur des réflexions des philosophes et des économistes s'efforçant de trouver des solutions aux questions de la marginalité et du chômage, des problèmes que nos sociétés n'ont toujours pas su résoudre.
Jacques Carré fait ici resurgir, derrière les discours officiels moralisateurs de l'époque, la voix et le quotidien des milliers d'anonymes et laissés-pour-compte qui ont peuplé ces asiles de pauvres.
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