« Enfin, la France a un chef », exulte L'Ouest-Éclair du 1er novembre 1940, arborant dans sa « une » un portrait du maréchal Pétain. Le ton était le même pour l'autre grand quotidien breton de l'époque, La Dépêche de Brest, qui approuve aussi le régime de Vichy. Jusqu'à leurs derniers numéros, en juillet-août 1944, les deux journaux vont afficher leur pétainisme et un soutien sans faille à la « Nouvelle Europe » sous l'égide de l'Allemagne nazie. Et ceci dans la guerre contre ceux qu'ils nommaient « les judéo-bolcheviques » ou « les enjuivés » de Londres et de Washington. L'antisémitisme et la justification des pires horreurs de la guerre traversent en effet les colonnes de ces deux quotidiens qui connaissaient alors de forts tirages. Interdits de parution à la Libération en raison de leur collaboration effective, les deux journaux ont été remplacés en 1944 par Ouest-France et Le Télégramme de Brest, qui multipliaient alors les actes d'allégeance au nouveau pouvoir gaulliste, sans aucun doute pour mieux faire oublier les années noires de compromissions. C'est cette histoire le plus souvent occultée dans les ouvrages traitant de cette période, y compris dans le monde universitaire, que l'auteur s'efforce de remettre en lumière. Sans rien cacher des faits avérés et confirmés par les écrits que l'on peut aisément consulter dans les archives.
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