La première année
« Ta mort est grande (grande comme la mort). Elle m'arme. En un sens, elle me donne des raisons d'espérer. En un sens elle m'aide à vivre. En un sens elle m'aide à supporter ta mort. »
Tandis qu'à quelques centaines de mètres de chez lui, des attentats ensanglantent Paris, Jean-Michel Espitallier vit un autre drame. Sa compagne, Marina, s'éteint, « assassinée » par le cancer.
Ce livre est la chronique d'une disparition. Il capte avec une rare acuité la lente et calme approche de la mort, son surgissement, puis la première année dans l'absence. Sans voyeurisme, mais avec parfois la crudité que suppose la grande intimité entre les corps, Espitallier consigne, au fil des jours, les remarques, les pensées, les sentiments que la perte lui inspire.
Rappelant le Journal de deuil de Roland Barthes, mais aussi la précision des romans d'Annie Ernaux, ce récit bouleversant raconte le progressif effacement des traces qui évoquent l'existence de l'autre, faisant une place toujours plus vaste au souvenir, devenu seule expérience du présent. Il dessine ainsi, en creux, un portrait de celle qui fut, celle qui n'est plus, et compose une intense méditation sur le Temps. Habiter la vie en poète, c'est puiser dans les ressources de la langue pour tenter de saisir l'incompréhensible et de surmonter l'insupportable.
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