L'affrontement des urnes est plus complexe qu'on ne croit. Il ne s'y joue pas seulement l'ancestrale querelle de la droite et de la gauche, mais un combat bien plus original : celui de la politique réelle contre la politique imaginaire.
Celle-ci n'est pas sans armes. Elle s'appuie sur les peurs et les crises, sur les dérèglements et les déracinements. Elle manipule les préjugés et les émotions, les contresens et les subjectivités. Elle aspire au rejet de la politique, qu'elle entretient de son mieux puis-qu'elle en est la seule bénéficiaire. Elle alimente le mythe de la présidence absolue, aliénante pour la République. Elle diffame le personnel politique, présenté comme tout entier corrompu, au mépris de la vérité et de la démocratie. Elle récupère de son mieux les complaisances et les vulnérabilités de la télévision. Elle dénonce et elle enterre les idéologies. Elle crie, elle hurle à la trahison des élites qui incarnent à ses yeux l'arrogance du pouvoir. Elle feint de croire à la permanence de la république gaullienne, c'est-à-dire à l'existence d'une politique figée pour l'éternité et incapable de comprendre les aspirations nouvelles des Français. Enfin, elle mobilise contre le péril que l'Europe ferait courir à la nation, choisissant d'ignorer que la construction de l'Union est seule à même de nous garantir un rôle sur l'échiquier international de demain.
Mais, pour illusoires qu'ils soient, les mythes ont leur force. Et la politique réelle n'exorcisera les fantasmes de la politique imaginaire qu'à condition de fournir aux électeurs des réponses et des orientations bien concrètes. A condition, aussi, de renouer avec l'espoir.
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