Les trois écrivains dont il est ici question reprennent, dans leur écriture comme dans leurs choix de vie, l'esprit de la philosophie antique, qui implique non seulement un apprentissage théorique, mais aussi le voeu d'une éthique vivante. Ce livre tend à montrer que si l'institution a pu affaiblir cette exigence de vie selon des principes philosophiques (choix de l'honnête, d'un éveil de la conscience, la réflexivité, le respect de l'intégrité humaine, et de l'essence de l'homme en l'individu), trois figures littéraires y souscrivent, chacune pour son propre compte, et tissent à partir de là une trajectoire existentielle et littéraire particulière. De Socrate à Plotin (le retour à l'intériorité, et l'invitation à sculpter, par purifications successives, sa propre statue), en passant par Platon et le Stoïcisme, une clé de lecture semble se présenter. Une invitation se dessine, à dégager cette ligne d'influence, et qui cherche à soutenir l'unité profonde de trois oeuvres dont les voies littéraires sont pourtant bien différentes : la quête métaphysique trouve chez Gadenne sa forme suprême d'expression dans le genre romanesque, qui disparaît de la production de Georges Perros, et alors même que Henri Thomas, dont le goût pour le stoïcisme se poursuit jusque dans ses travaux de traduction (Perse), parvient à maintenir un équilibre relatif entre les différentes modalités d'écriture susceptibles d'être associées à la volonté de tout « soumettre à l'arrière-plan métaphysique ». Une sorte de famille littéraire se serait ainsi tissée, qui montrerait de façon un peu exemplaire les glissements de l'écriture, de la philosophie systématique au roman philosophique, à la poétique romanesque, à la note. La « po-éthique » en nomme le lien de parenté, qui nous reconduit à l'esprit général de la conquête socratique d'une vie selon une « raison à plus haut prix », d'après la belle expression de Ponge.
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