Très tôt dans la littérature, le monde de la justice symbolise une puissance redoutée. L’arbitraire des juges, le fanatisme de la répression, les conditions d’incarcération sont ses thèmes privilégiés. Les clercs médiévaux, Villon, Rabelais en dressent un sombre tableau. Le spectre de la torture et de la peine de mort y est oppressant. La monarchie y ajoutera la censure. Le temps de la contestation ne viendra qu’à la fin du XVIIIème siècle. Avec Voltaire, pour la première fois, cette justice arbitraire est dénoncée. Purgée de ses excès après la Révolution, sa fonction répressive se perpétue même si le rapport de force a changé.
Car l’écrivain dans les années 1750-1830 est devenu un guide respecté, un leader d’opinion, une figure éminente de l’espace public. A cette place, il bouscule les codes de son temps. S’engage alors un conflit entre la liberté d’expression et les limites que le pouvoir lui impose. Le procès devient le lieu d’un débat indécis, âpre et violent.
Ce débat se poursuit dans les œuvres elles-mêmes. A l’abri de la fiction, l’écrivain y retrouve sa souveraineté. Aux tribunaux bien réels, il oppose la justice telle qu’il l’imagine. Le droit a un souffle narratif que la loi n’a plus. D’Eschyle à Corneille, de Shakespeare à Dickens, de Hugo aux poètes de la Résistance, ce théâtre de la justice met en scène l’espoir d’une loi plus juste. Tel est l’objet de ce livre. Qu’elle soit imaginée dans un récit ou rencontrée dans le prétoire, la justice est la scène d’un conflit entre les droits et la loi. Face à la force injuste de la loi, les héros livrent de beaux combats. Violence et puissance sont toujours au premier plan. Modération, tolérance, compréhension dessinent son horizon.
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