La plainte de Natura inspira Jean de Meung pour la deuxième partie du Roman de la rosé.
Reprenant sur le ton de la plainte le lieu commun bien connu, Alain dénonce vigoureusement l'étendue du mal en ce bas-monde, la corruption des moeurs. Mais comment ne pas remarquer que cette dimension satirique vient en surimpression, dirait-on, et comme pour l'étouffer, ce qu'expose longuement la fantasmagorie qui occupe le coeur de la « narratio », pour reprendre le terme insistant par lequel Natura définit son aventure. Voilà en effet que ce personnage allégorique quitte sur son char l'Olympe céleste et apparaît soudain à Alain que la surprise fait s'écrouler en extase mystique, à demi-mort. Une fois revenu à lui-même, il interroge cette « semi déesse » avec insistance, parce qu'il veut connaître les raisons qui ont bouleversé, dénaturé l'ordre du monde voulu et agencé par Dieu. Dès lors, l'affaire n'est plus de dénoncer le mal, mais de savoir quelle en est l'origine.
Alain de Lille dont l'épitaphe dit qu'« il a su tout ce que l'homme pouvait savoir » est à lui seul un résumé des intérêts multiples de son temps. Sa pensée est le point de rencontre des grands courants philosophico-théologiques du XIIe siècle ; au fait des dernières avancées techniques dans les arts libéraux, il demeure en même temps un parfait témoin de l'humanisme littéraire.
We publiceren alleen reviews die voldoen aan de voorwaarden voor reviews. Bekijk onze voorwaarden voor reviews.