Un hôpital africain entre Sahel et filaos, peuplé d'odeurs,
d'attentes et de souffrances, de couleurs et d'espoir, de
poussière et de rires. Dominant l'estuaire, ses coursives
bruissent de gémissements étouffés, de bavardages espiègles,
de pitreries parfois. La mort tutoie pareillement les guenilles
et les boubous brodés. La fatalité toise les prières égrenées
dans l'ombre et la guérison se paye rubis sur l'ongle.
Les consultations ne désemplissent pas, on accouche à
tour de bras et les échecs s'oublient quand des miracles
s'opèrent dans le dénuement d'un bloc opératoire vétuste. On
hèle le piroguier ou la marchande de poissons et des femmes
pieds nus s'activent dans l'arrière-cour autour des braseros.
Les plus valides des vieux sages murmurent leur sérénité
sous l'arbre à palabres et les petits opérés plient des
compresses pour l'infirmier.
Le guérisseur marchande son pouvoir, la famille se
cotise, le malade patiente, Hippocrate panse et s'évertue, et
la nature décide.
Cela pourrait se passer plus au sud ou ailleurs. Cela s'est
passé hier, mais arrivera encore demain. Le fleuve immense
roule ses eaux de jade ou d'ocre sale. Le temps s'arrête dans
la moiteur du soir. Puis repart lentement, comme l'envol
lourd du pélican.
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