« La véritable philosophie des Amants est celle de Platon », écrit Jean-Jacques Rousseau dans une note de Julie ou La Nouvelle Héloïse. Au- delà de ce platonisme à vrai dire très singulier, l'hypothèse centrale de ce livre est que cette « philosophie des amants », qui porte Julie et Saint-Preux, puis toute la communauté de Clarens, à (se) créer un monde imaginaire et parallèle à ce monde-ci, est aussi le ressort poétique et philosophique le plus essentiel du roman, le plus important du XVIIIe siècle. Avec cette « philosophie des amants », il y va, en effet, de l'oeuvre toute entière : depuis les images enchanteresses qui auraient saisi Rousseau et fait de lui un romancier malgré lui, jusqu'à la préparation méticuleuse des estampes destinées à orner la première édition, en passant par la fonction déterminante des « opiniâtres images » mentales qui, tout au long des lettres, obsèdent les amants, tout invite à faire de la puissance de l'imagination et de la chimère un principe essentiel de La Nouvelle Héloïse.
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