La Perversion sadomasochiste
« La solution sadomasochiste satisfait toutes les exigences possibles. Dans le fond, la monade sadomasochiste correspond au maximum de prestation narcissique : l'objet est consentant à tous égards au plaisir et à la volonté de l'autre. C'est pour cette raison que le corps propre, objet de plaisir docilement soumis et contrôlable, devient la meilleure scène du fantasme pervers. » F. De Masi
Si Freud avait situé la perversion dans la continuité du développement « normal », l'ayant pour ainsi dire « dépathologisée » comme une possibilité intrinsèque et irréductible de l'être humain, Franco De Masi l'envisage ici sous la forme d'un noyau négatif en rupture totale avec le cours du développement psychosexuel et affectif. Aussi De Masi affirme-t-il, contre une bonne partie de la littérature psychanalytique, la différence essentielle, star le plan clinique, entre la perversion sadomasochiste « structurée » et le domaine bigarré des comportements pervers épisodiques ou symptomatiques d'états dépressifs ou limites. Chez De Masi, c'est la notion de « sexualisation » qui opère. La sexualisation est l'activation d'un état psychique qui permet d'accéder à un plaisir extatique anobjectal recherché en tant que tel. Ce plaisir übersinnlich (selon le mot de Méphistophélès à Faust que reprendra ensuite Sacher-Masoch) repose sur la déformation de la sensorialité et sur l'accoutumance toxicomaniaque à l'excitation « froide » et aux retraits psychiques masturbatoires ; il n'est même rien d'autre qu'une technique de subversion et d'annulation du monde humain. Phénomène pathologique, qui ne saurait être pensé en termes de défense ou de conflits, la perversion sadomasochiste ne nous révèle donc pas les mésaventures de la psychosexualité mais une des figures exemplaires de Thanatos.
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