Ce livre porte sur la vérité en histoire et le statut moderne du témoignage.
La crise de la représentation provoquée par les événements génocidaires
du XXe siècle n'a pas épargné l'histoire en tant que discipline scientifique.
Il est en effet possible, sans déroger aux règles de celle-ci, de nier méthodiquement
l'existence des chambres à gaz ou la réalité de la destruction
délibérée des Arméniens de l'Empire ottoman au début du siècle passé.
Dès lors, la possibilité et les modalités de la restitution des faits, qui
ont toujours été au coeur de la réflexion historiographique, ne sont pas
les seules à être aujourd'hui sujettes à caution. Marc Nichanian en fait
la démonstration, en s'appuyant sur les réflexions menées et suscitées
par Lyotard, Agamben, Antelme, Derrida, Hayden White et par les penseurs
arméniens de la Catastrophe au XXe siècle. C'est l'existence du fait historique
en tant que tel qui est désormais remise en cause, depuis que les
différentes machines génocidaires, puissamment relayées par ce que l'auteur
appelle ici la «perversion historiographique», ont fait de la destruction
de la réalité leur ambition propre. Ceci conduit naturellement au débat
sur la signification du droit face à l'histoire et à une interrogation
insistante sur ce qui permet à l'historien (et non par exemple au juge
ou au législateur) de se poser comme le «gardien des faits».
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