On trouvera ici la première traduction intégrale fondée sur le texte critique de l'édition Léonine de trois livres peu connus de saint Thomas d'Aquin. Échelonnés sur une quinzaine d'années de 1256 à 1271, ils jalonnent l'histoire de la faculté de théologie à l'université de Paris à cette époque. Nouvellement arrivés dans la capitale et encore dans la fraîcheur de leur vocation, les ordres mendiants n'y sont pas les bienvenus. Acteurs de progrès intellectuels et de renouvellement religieux, ils se heurtent à l'hostilité quasi générale des autorités déjà en place qui multiplient contre eux les pires calomnies. Aux côtés des franciscains, saint Bonaventure notamment, Thomas, le dominicain, revendique donc pour lui et ses frères le droit d'enseigner et de prêcher ainsi que celui de mener un style de vie religieuse inédit jusqu'alors.
Dans le premier de ces trois livres, Contre les ennemis du culte de Dieu et de l'état religieux, le Maître d'Aquin mène le combat contre Guillaume de Saint-Amour qui, sans trop de nuances, voyait les religieux comme des envoyés de l'Antichrist, écrivant contre eux un libelle qui fit quelque bruit : Les Périls des derniers temps. Un autre interlocuteur, Gérard d'Abbeville, s'en prenait (pas toujours sans raison) aux méthodes de recrutement des nouveaux ordres. C'est à lui qu'est destiné l'un de ces trois ouvrages : Contre l'enseignement de ceux qui détournent de l'état religieux. Entre ces deux livres, saint Thomas a trouvé le temps d'écrire une pure merveille (le mot n'est pas trop fort) : La Perfection de la vie spirituelle, dont on ne saurait trop recommander la lecture.
Entraîné dans la polémique malgré lui, Thomas reste ici égal à lui-même et transcende vite le débat. Ce qui avait commencé comme une misérable querelle de clocher universitaire se révèle rapidement avoir une dimension ecclésiale et spirituelle tout à fait inattendue. Malgré des titres qui ne font plus recette, ces livres ne parlent pas seulement des religieux, mais bien de ce qu'il y a de plus profond dans la foi chrétienne : le Christ et son Église dont on découvre au passage la face défigurée et à qui il faut redonner son vrai visage ; le Christ et ce qu'il faut faire pour mener à sa suite la vie évangélique en compagnie des premiers disciples.
« La vie spirituelle consiste principalement dans la charité ; celui qui n'a pas la charité ne compte spirituellement pour rien. C'est pourquoi l'Apôtre écrit : " Si je n'ai pas la charité, je ne suis rien. "...
À parler absolument donc, une personne sera parfaite en vie spirituelle si elle est parfaite en charité... L'Apôtre attribue la perfection principalement à la charité quand il ajoute : " Par-dessus tout, ayez la charité ; c'est en elle que se noue la perfection. " »
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