Notre appréciation de la musique rock est faussée par la mythologie dionysiaque que véhiculent volontiers les journaux. La vitalité du concert - le live -, dans son énergie et sa violence même, s'est imposée, au fil du temps, comme la seule vraie « loi du rock ». Or, l'originalité de cette musique ne consiste-t-elle pas davantage dans le nouveau type
d'être ou d'objet qu'elle a introduit dans le monde ?
Plus que le simple enregistrement d'une chanson préexistante, le disque de rock existe en lui-même et vaut esthétiquement pour lui-même : telle est la thèse initiée aux États-Unis par Theodore Gracyk et défendue en France par Roger Pouivet.
À cette chosification du rock, Frédéric Bisson oppose une autre ontologie, processuelle et pragmatique, de la phonographie, inspirée notamment par Whitehead et Deleuze. Disputer de l'essence du rock n'est cependant pas un loisir de philosophes. Car le rock lui-même ne fait pas que hurler ou saigner, il pense. Il ne pense pas philosophiquement, avec des concepts, mais musicalement, avec des affects - affects concrètement incarnés dans les disques et intégrés dans des formes de vie qu'ils stimulent.
Par la répétition phonographique, les intensités rock s'instillent dans le rythme de la vie quotidienne. Elles essaiment en même temps une communauté virtuelle dont la forme nouvelle trouve ici une description à sa mesure.
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