Après avoir arpenté un monde nocturne empli de prodiges pour tenter
d'y trouver le miroir de l'âme, des hommes épuisés achèvent leur étrange
quête en tournant leur regard en eux-mêmes («Le miroir»).
Dans un deuxième temps, les «tueurs», phratrie d'êtres invulnérables
et éternels missionnée par des dieux lassés du monde pour récolter le
coeur et la semence de toutes les créatures depuis le commencement
des temps, éprouvant l'horreur de leur condition, tentent de bâtir
l'homme, introuvable, à partir de la matière du monde. Les larmes de
leur désespoir se mêlent à la terre et de cette boue naît l'homme. Les
tueurs exorcisent leur immortalité en le sacrifiant : vient alors pour eux
le temps de métamorphoses inouïes et ils s'opposent, monstrueux et
merveilleux, aux dieux réveillés. L'injure remplacera la lutte, jusqu'à ce
que tueurs et dieux deviennent roche et terre.
Puis c'est le temps du souvenir : dans le désert, une horde assoiffée
réclame aux morts l'eau qui les sauvera («La prière et la source»), mais
ceux-ci restent muets.
Au croisement des textes premiers, religieux ou mythologiques, avec
pour toile de fond ce qui constitue le fondement de toute culture (et du
substrat qui reste dès que nous en sommes dépouillés), le texte de Farid
Paya nous plonge, à travers le dénuement qu'il opère sur ces hommes et
ces dieux auxquels il donne la parole, dans l'immensité des mystères et
des paradoxes qui constituent notre condition.
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