Figures tragiques, tristes, terribles et féroces,
les femmes et les hommes sont peints à
l'acide chez Djuna Barnes : la nature humaine
est restituée telle quelle, aussi inhumaine
que la nature. Reprises et réunies par Djuna
Barnes sous le titre Spillway, en 1962, les
neufs nouvelles qui composent ce livre ont
été écrites entre 1923 et 1929. Dernier livre
conçu et défendu par son auteur, Djuna
Barnes le considère comme l'un des plus
achevés avec son célèbre roman Nightwood
(Le Bois de la nuit). Ces nouvelles sont caractéristiques
de l'art de Djuna Barnes, tant par
la justesse du geste et du trait que par une
aventure de la langue toute proche de la poésie.
Dans une «Avant-note», qui est, en fait,
un essai important, Monique Wittig affirme
irrévocablement qu'il n'y a pas d'«écriture
féminine» et souligne un angle d'approche
dont l'effet est comparable à une perception
du coin de l'oeil.
«Ah ! Ce poème, ce petit morceau de poème !
Un truc très émouvant, lourd, doux... un fragment
de langage. Il fait que tout le corps se
sent de la compassion parce qu'il est comme
une statue grecque, mutilé quoique entier, et
en même temps, madame, complet comme
une vie.»
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