Et Jaume seul dans la montagne, avec ses pauvres mots, ses délires d'altitude, ses armes désormais pour le seul don de soi et l'existence désobéissante, qu'y pouvait-il? Face à la clameur, ses balles et ses mots ne pesaient pas lourd. Ils étaient trop humains, porteurs d'une charge émotionnelle à retardement, de cette passion triste qui fait les bombes à l'heure et le désespoir qui s'acharne à ne pas réintégrer son exil quotidien. Le refus, toujours le refus et qui à cet instant se tait. Ne plus dire ce que l'on sait, ne plus défaire le faux du vrai. Motus. Rien. Le néant... en cette humanité de l'inaccepté, de l'indicible plainte et de la souffrance.
Derrière le bruit national s'accumulait le silence.
À travers le parcours d'un homme dont la conscience de classe s'éveille dans les bras d'une fille de patron, ce roman raconte les vies de paysans pauvres «qui furent du parti bien avant qu'il ne soit créé».
En Espagne, des années 1920 à l'orée des années 1950, entre guerre sociale et guerre civile, Jaume et les siens rêvent d'un autre monde, affrontent le pouvoir des propriétaires, de l'Église, de l'État; ils gagnent, perdent, fuient, s'arrêtent sur un autre front, celui du maquis français contre l'occupant nazi; ils reviennent et perdent encore...
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